À quelques semaines des élections à la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), Samuel Eto’o se prépare à briguer un second mandat. Après quatre années marquées par des réformes, des tensions internes et des résultats sportifs contrastés, le président sortant veut transformer ce renouvellement en mandat de confirmation. Mais si ses partisans voient en lui l’homme du redressement, ses détracteurs, eux, dénoncent un bilan mitigé.
Un premier mandat placé sous le signe de la réforme et de la rigueur
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Élu en décembre 2021, Samuel Eto’o avait promis de rétablir la crédibilité du football camerounais. Son premier mandat aura été marqué par plusieurs réformes structurelles : Subventions aux clubs d’élite, revalorisées à 48 millions de FCFA. Rehaussement des salaires des joueurs : 200 000 FCFA pour l’Elite One, 100 000 FCFA pour l’Elite Two et 50 000 FCFA pour les joueuses du championnat féminin. Stabilisation financière à la FECAFOOT, avec un paiement régulier du personnel et la relance du chantier du siège social, longtemps resté inachevé.
Pour ses partisans, ces actions témoignent d’un management plus responsable et transparent, qui replace les acteurs du football au centre du jeu. “Sous Eto’o, les clubs ont retrouvé un minimum de dignité financière. Ce n’est pas parfait, mais c’est mieux qu’avant”, confie un dirigeant d’équipe d’Elite Two.
Les partisans saluent un leadership ferme et une vision durable
Les soutiens du président sortant se montrent confiants. Pour eux, le second mandat de Samuel Eto’o sera celui de la maturité et de la continuité. L’ancien capitaine des Lions Indomptables a d’ailleurs promis 1 milliard de FCFA d’aides aux clubs amateurs, afin de renforcer la formation locale.
Un projet salué par de nombreux responsables régionaux, qui y voient une véritable démocratisation du football camerounais : “Enfin, les clubs amateurs seront considérés comme de véritables partenaires du développement”, souligne un président de ligue départementale.
Les partisans d’Eto’o mettent également en avant son charisme et son influence internationale. Selon eux, il a permis à la FECAFOOT de “retrouver une notoriété sans égale” sur la scène africaine et d’entretenir un dialogue plus fluide avec les instances comme la CAF et la FIFA.
Des critiques persistantes sur le plan sportif et institutionnel
Cependant, la popularité d’Eto’o ne fait pas l’unanimité. Plusieurs observateurs jugent que les résultats sportifs des sélections nationales ont terni son image. Les éliminations précoces des Lions Indomptables à la CAN 2023, de l’équipe féminine aux Jeux Africains, ou encore les difficultés des sélections jeunes, nourrissent le discours de ses opposants.
“Le football camerounais n’a jamais été aussi divisé”, estime un ancien cadre de la FECAFOOT. Certains dénoncent une gestion trop personnelle du pouvoir, des tensions internes avec certains collaborateurs et une communication jugée agressive envers ses détracteurs.
“Eto’o gère la FECAFOOT comme un vestiaire, avec autorité mais peu de concertation”, confie un membre du comité exécutif sortant.
Le débat sur les critères de réussite d’un mandat
Un point de discorde persiste : comment évaluer le mandat d’un président de fédération ?
Pour les défenseurs d’Eto’o, les performances sportives ne suffisent pas à juger une administration. Ils citent l’exemple du Sénégal, où malgré les titres continentaux, le président Augustin Senghor n’a pas été réélu. “Un bon mandat, c’est celui qui pose des bases durables : transparence, stabilité et réformes. Pas seulement des trophées”, affirment-ils.
À l’inverse, les critiques estiment que la mission première de la FECAFOOT reste le rayonnement des équipes nationales. “On ne peut pas parler de réussite quand le Cameroun perd de son prestige sportif. Les chantiers administratifs ne compensent pas les échecs sur le terrain”, argumente un journaliste sportif de Douala.
Vers un mandat de “confirmation” ?
Le 29 novembre 2025, l’élection du nouvel exécutif de la FECAFOOT s’annonce comme un moment charnière.
Samuel Eto’o, malgré les controverses, reste le favori. Ses partisans espèrent une poursuite des réformes et une consolidation institutionnelle. Ses opposants, eux, réclament un renouveau démocratique et un changement de style de gestion.
Quoi qu’il en soit, le football camerounais aborde une nouvelle page de son histoire. Entre ambitions réformatrices et désillusions sportives, le mandat de la confirmation pourrait bien devenir celui de la réconciliation ou du clivage définitif.