Il faut dĂ©jĂ commencer par fĂ©liciter les filles et le staff technique, car lâessentiel câĂ©tait la qualification, et ils ont rĂ©ussi Ă assurer cela. Perdre 2-0 en Ouganda Ă©tait une faute professionnelle quâil fallait critiquer avec la derniĂšre Ă©nergie, alors que gagner hier 3-0 câest juste quelque chose de normale et dâordinaire, câest faire respecter la logique: on ne peut donc pas dĂ©crĂ©ter fĂ©riĂ© dans nos cerveaux comme je le vois chez certains de mes parents (mĂȘme de la presse) qui sont tombĂ©s dans lâeuphorie comme le public. Câest vrai que rien nâĂ©tait acquis dâavance, mais lâĂ©quipe a rĂ©ussi Ă se faire respecter, et surtout Ă faire respecter la logique en corrigeant la faute professionnelle du match aller: je dis BRAVO.
Cependant je suis trĂšs embĂȘtĂ© par le tsunami dâeuphorie et de jubilation qui a envahi lâopinion publique camerounais aprĂšs cette victoire. Ăa va dans tous les sens, on donne lâimpression dâavoir rĂ©alisĂ© lâexploit du siĂšcle, or que NON, cette qualification relĂšve juste de lâordinaire Ă mon goĂ»t: elle nâa rien dâexceptionnel, car nous sommes le Cameroun, et en face câĂ©tait lâOuganda, avec tout le respect que je dois Ă cette Ă©quipe. Le degrĂ© de jubilation de certains compatriotes me pose donc un sĂ©rieux problĂšme, car toutes mes inquiĂ©tudes nâont pas Ă©tĂ© levĂ©es aprĂšs ce match.
Moi jâai vu une Ă©quipe camerounaise brouillonne dans le jeu. Quand tu enlĂšves Ngock et Ajara, les autres joueuses du milieu et de lâattaque avaient du mal Ă faire mĂȘme une bonne courte passe. La jeune Etoâo a passĂ© le temps Ă courir tĂȘte baissĂ©e avec la balle, oubliant trĂšs souvent ses partenaires, mais les gens applaudissent ça, or pour moi elle jouait Ă tout sauf au football hier sur le terrain. Aboudi a fait du Aboudi. Pour Abam, je me demande toujours quelles sont ses qualitĂ©s entant que footballeuse; mĂȘme se contrĂŽler est un problĂšme pour elle, toujours hors-jeu. Omboudou câest trĂšs faible, il faut lui rappeler que le rĂŽle du milieu rĂ©cupĂ©rateur ce nâest pas de dĂ©gager toutes les balles en catastrophe seigneur ! Les ougandaises avaient de bien meilleures intentions dans lâĂ©laboration du jeu, les phases de jeu avec ballon Ă©taient certes rares, mais mieux pensĂ©es chez elles, avec une maĂźtrise collective mieux aboutie. Nous on dĂ©gageait toutes les balles, et ça câest inquiĂ©tant.
Loin de moi lâidĂ©e de sous Ă©valuer la victoire bien mĂ©ritĂ©e des filles hier, mais je pense que lâon ne doit pas perdre notre luciditĂ© pour un succĂšs face Ă lâOuganda et se noyer dans lâeuphorie. Sinon cette victoire (comme contre lâAlgerie et le BrĂ©sil chez les hommes ) nous fera beaucoup plus de mal que de bien. Les adversaires du Cameroun en Afrique câest le Nigeria, lâAfrique du Sud, le Ghana, le Maroc et la Zambie. Se faire battre (2-0) par une nation autre que celles-lĂ est une faute professionnelle. Lâobjectif pour le Cameroun ce nâest pas de battre lâOuganda 3-0; câen est devenu un simplement parce quâon sâest mis en difficultĂ© tout seul. Lâobjectif câest de se qualifier pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, et cette victoire face Ă lâOuganda ne doit pas nous faire oublier cela. Il faut donc travailler, car lâĂ©quipe qui a gagnĂ© hier a trop de lacunes individuelles et collectives, et en lâĂ©tat actuel des choses ne saurait exister face aux cadors du continent.
Alain Denis Ikoul